Dans les années 1920, le Dr Ivan Pavlov découvre un peu par hasard le processus appelé le « Conditionnement Classique ». Trente ans plus tard, le Dr Burrhus Skinner poursuit les travaux de son prédécesseur et définit le processus du « Conditionnement Opérant » avec les notions de renforcement positif, renforcement négatif, punition positive et punition négative. Depuis, ces différents processus d’apprentissage ont été testés sur d’innombrables types d’animaux et d’humains.
Ces expériences n’étaient malheureusement pas dénuées de cruauté dès lors qu’elles recouraient à la punition positive et au renforcement négatif. Inconfort et souffrance faisaient partie de la méthode. Utilisée de façon plus ou moins intense, de façon constante ou intermittente, elle avait pour but de mettre fin à un comportement (punition positive), ou d’augmenter un comportement (renforcement négatif). Aujourd’hui, les techniques basées sur la punition positive et le renforcement négatif sont de plus en plus décriées.
Pourtant, une enquête récente (2015) de l’association de défense des animaux « One Voice » montre que ces techniques dépassées sont encore souvent utilisées dans de nombreux centres de dressage. Elles sont même encore parfois conseillées par des comportementalistes canins. L’utilisation du collier étrangleur, les coups de laisse, coups de sonnette (saccades sèches sur le collier), les cris, les tractions fortes, le plaquage au sol, les coups de pied, et parfois même la pendaison semblent encore et toujours d’actualité. Aucune distinction n’a encore été faite entre le dressage du chien de famille ou le dressage plus spécifique des différentes disciplines sportives comme par exemple le dressage au mordant (discipline de Ring ou de RCI), le dressage à l’obéissance, en agility ou le dressage des chiens de chasse.
Pourquoi punir son chien.
On peut se poser la question. Pourquoi les techniques basées sur le renforcement positif et la punition négative sont-elles encore si peu utilisées dans la majorité des clubs de dressage ? Elles sont pourtant connues depuis longtemps et ont fait leur preuve à de nombreuses reprises. Il n’y a certainement pas une seule et unique réponse mais voici plusieurs pistes.
Bon nombre de sociétés dites « primitives » font la part belle aux louanges et à la valorisation des compétences acquises. Chez nous au contraire, la peur et la punition restent encore aujourd’hui les fondements de notre société. Dès le plus jeune âge, le tout petit qui découvre le monde et touche innocemment des objets dangereux ou fragiles reçoit une petite tape sur la main. Ensuite, viennent les sanctions, menaces physiques et verbales (père fouettard, police, etc.), les chantages, fessées, gifles, mises à l’écart, enfermement (dans une chambre ou pire à la cave), les interdictions (de sortie) et les privations (de dessert). A l’école, les sanctions continuent à ponctuer les apprentissages : retenues, règlements à recopier, examens de passage, redoublement, etc.
A l’âge adulte, ce sont les amendes que l’on redoute lorsqu’on roule trop vite, qu’on ne met pas sa ceinture, qu’on ne paye pas ses impôts à temps, etc. Bref, toute notre vie est basée sur les sanctions et les rapports de force.
D’autres facteurs peuvent expliquer le recours à la sanction : la méconnaissance de l’autre, la non reconnaissance de sa sensibilité (de ses capacités, de son intelligence, de sa culture, de ses besoins), l’interprétation erronée de ses actes, les suppositions, la frustration, la colère, le jugement, le rôle de l’ego, le besoin de dominer l’autre. Dans pareil contexte, on peut comprendre combien il peut être difficile pour certains de fonctionner autrement que par la sanction.
Changer pour mieux aimer
Il semble que l’être humain ait de réelles difficultés à se remettre en question, à changer ses habitudes et ses croyances. Il a plutôt tendance à rester sur ses acquis. Pourtant, avec un peu de bonne volonté et d’intelligence, il est aussi capable, quoique bien moins facilement que le chien, de changer ses habitudes. Notamment par l’éducation et la formation.
A l’heure actuelle, il n’est toujours pas simple de trouver un centre d’éducation pour chiens qui pratique un dressage bienveillant et positif. La demande de propriétaires consciencieux se fait cependant plus pressante. De plus en plus de gens refusent, avec raison, d’avoir recours à la contrainte, à la sanction et à la douleur. Ces nouveaux maitres responsables cherchent à mieux comprendre les besoins et les codes de leur animal afin de pouvoir développer une relation basée sur la complicité, la compréhension et le respect partagés.
Le renforcement positif et la punition négative permettent d’ailleurs un dressage plus rapide et plus stable. Pas question ici de « Chien Roi » car, en tant que « Parent Adoptif », nous restons responsables de notre chien et de ses actes. Il importe donc de l’éduquer au mieux de sorte qu’il devienne et reste un chien équilibré et non une nuisance pour autrui. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de bien comprendre les besoins du chien familier, ses codes sociaux, ses motivations, son caractère. Grâce à une meilleure connaissance des processus d’apprentissage basés sur le renforcement positif, la punition négative, le langage corporel et verbal adéquat, il est parfaitement possible d’oublier la punition comme moyen d’éducation.