Parmi les professionnels d’éducation canine, il y a les pro et les anti-friandises.
A chaque camp, son argumentaire.
Les anti-friandises affirment que le chien doit obéir pour « faire plaisir à son référent ». Selon eux, les friandises dénaturent la spontanéité des échanges et conditionnent le chien à ne plus obéir qu’en échange de friandises. Pour certains d’entre eux, on achète carrément le chien.
Les pro-friandises se prévalent de l’apprentissage en méthode positive. Selon eux, les friandises sont un outil qui permet de créer un lien plus fort avec le chien et de lui donner confiance en lui.
Basée sur une éducation positive et bienveillante de l’animal, la méthode RESPECT de Canischola se situe entre ces 2 positions, parfois assez extrêmes, et propose un regard nuancé sur la question très controversée des friandises.
Manger est un besoin primaire, indispensable à la vie. Il est donc assez naturel que le chien soit attiré par la nourriture.
Mais ce n’est pas qu’une nécessité vitale. Se nourrir c’est aussi du plaisir, des sensations, des émotions.
Ainsi, lorsqu’il s’agit de secourir un animal égaré, il est, par exemple, plus facile de l’approcher avec une friandise.
Mais il est bien évidemment possible de créer un lien de confiance sans recourir aux friandises de façon systématique.
Une présence bienveillante, des encouragements de la voix, une caresse adaptée, des postures non intrusives et opportunes permettent également de créer un lien fort et peuvent tout à fait suffire. Pour construire une relation de confiance sans recourir aux friandises, il est primordial de bien comprendre le fonctionnement des différents processus d’apprentissage.
La personnalité du chien est aussi déterminante
Certaines races sont naturellement plus proches de l’humain et ont une plus longue histoire de collaboration avec lui. C’est le cas du chien de berger, du border collie, du berger belge, du berger allemand, du golden retriever, du labrador et des chiens de compagnie comme le bichon ou le papillon. Tous ces chiens n’ont pas nécessairement besoin de friandises pour interagir positivement avec l’humain. Ce n’est, en revanche, pas forcément le cas de chiens plus indépendants et auto-déterminés qui, pour la plupart, ont un puissant instinct de prédation et d’énormes besoins d’activités sociales, cinétiques ou exploratoires comme les chiens nordiques, par exemple, le samoyède et le husky, les chiens de type « primitif » comme l’akita, le shiba, le chow chow les chiens de montagne (par exemple, le berger de Tatras et le berger d’Anatolie), certains chiens de chasse (par exemple, le münsterlander et le cocker) et les terriers (par exemple, le teckel et le fox terrier). Créer un lien fort et durable avec un chien d’une des races précitées peut se révéler difficile et contraignant au point de décourager les plus enthousiastes qui risquent alors parfois de passer à des méthodes punitives ou coercitives aux dépens des méthodes positives et bienveillantes.
Pour éduquer son chien de façon positive et sans friandises, il faut :
• Avoir une bonne compréhension et connaissance des codes canins ;
• Avoir un langage verbal et corporel adapté et cohérent ;
• Connaitre les motivations intrinsèques de son chien ;
• Être capable d’anticipation ;
• Avoir un sens aigu de l’observation ;
• Veiller à éviter les activités et expériences qui risquent de porter préjudice à la construction d’une cohésion de groupe suffisamment stable au moins durant la première année de vie commune ou plus.
Ces compétences demandent du travail avant d’être parfaitement maitrisées mais elles vous seront très utiles pour créer et entretenir une relation complice et authentique. Une fois acquises, vous pourrez plus facilement faire la part des choses et définir plus justement la place des friandises dans vos interactions.
Attention aux pièges
Mal utilisées, les friandises peuvent, en effet, complètement « polluer » la relation avec le chien et créer une relation faussée, basée sur le marchandage, la manipulation ou le conditionnement excessif.
Le préjudice est énorme lorsqu’elles servent régulièrement de leurre. Le chien ne fait plus alors que suivre le bonbon sans avoir conscience de ce qui se joue. Si la technique du leurre peut parfois être utilisée ponctuellement, il faut rapidement l’abandonner et passer impérativement à une autre technique éducative.
Chez le chien très intéressé par la nourriture, la friandise risque de bloquer sa capacité d’apprentissage. Obnubilé par la friandise convoitée, le chien gourmand a beaucoup de difficultés à rester concentré. En effet, il n’a de cesse de regarder nos mains ou nos poches. Et lorsqu’il ne reçoit pas de friandise, la frustration et l’excitation donnent lieu à de nombreux comportements indésirables comme sauter et/ou aboyer. La mémorisation à long terme est également altérée. Il faudra davantage répéter avec des résultats peu satisfaisants.
Il peut également être dangereux d’utiliser des friandises en présence d’autres chiens surtout si l’un d’entre eux a tendance à faire de la protection de ressources ce qui risque de créer conflits et blessures.
Correctement utilisées, les friandises sont cependant un outil efficace. Elles accélèrent considérablement les apprentissages et renforcent le lien de confiance. Elles permettent au chien sensible ou craintif de gagner en assurance et l’aident à surmonter plus rapidement difficultés ou blocages. Dans certaines situations plus délicates, elles témoignent également du niveau de stress du chien qui, submergé par ses émotions, en vient parfois à ignorer une friandise.
Le recours aux friandises doit être sans cesse réévalué en fonction des difficultés et des apprentissages dans le but ultime d’être abandonné ou de devenir exceptionnel lors de jeux improvisés. Il est important de rester attentif aux gestes parasites et pièges « classiques » dans lesquels tombent la plupart des novices et qui perturbent les apprentissages ou créent des apprentissages inadéquats.
Pour qu’elles soient efficaces, les friandises doivent impérativement s’accompagner de mots, d’intonations et de postures appropriés afin de stimuler utilement les capacités cognitives du chien et lui permettre d’apprendre progressivement à adapter positivement ses comportements avec de plus en plus d’autonomie et de liberté.
Il convient de préciser que les friandises doivent être prises en compte dans la ration alimentaire du chien afin d’éviter toute prise de poids.
Vous aurez compris que, avec ou sans friandises, l’éducation cognitive du chien passe par l’acquisition de compétences en communication verbale et corporelle, une capacité aigue d’observation et d’anticipation ainsi qu’une compréhension des besoins fondamentaux et des motivations spécifiques de votre compagnon.